Perchée sur la colline de la Garde, la basilique Notre-Dame de la Garde domine fièrement Marseille depuis plus d’un siècle et demi. Ce monument emblématique, affectueusement surnommé “la Bonne Mère” par les Marseillais, veille sur la ville et ses habitants, symbolisant protection, foi et tradition. Notre-Dame de la Garde est aussi un site touristique majeur, offrant des vues panoramiques à couper le souffle sur toute la cité phocéenne, le Vieux-Port et jusqu’aux îles du Frioul. Ce guide complet vous emmène au cœur de son histoire fascinante, de ses anecdotes légendaires et des secrets de son architecture unique en France.
Histoire de Notre-Dame de la Garde
L’histoire de Notre-Dame de la Garde débute au sommet de la colline qui surplombe Marseille, un point stratégique choisi dès le XIIIe siècle. En 1214, un prêtre marseillais, maître Pierre, décide de bâtir une première chapelle dédiée à la Vierge Marie. Cette modeste construction, perchée à 149 mètres au-dessus du niveau de la mer, devient rapidement un lieu de prière pour les marins et les pêcheurs qui cherchent la protection divine avant de prendre la mer.
Au XVIe siècle, François Ier, en guerre contre Charles Quint, perçoit l’importance stratégique de la colline de la Garde pour la défense de Marseille. Il décide alors d’édifier un fort autour de la chapelle afin de renforcer les défenses de la ville face aux invasions. Ce fort reste d’abord modeste, mais il marque un tournant dans le rôle de ce lieu, désormais associé à la fois à la protection militaire et spirituelle de Marseille.
Avec le temps, la chapelle devient un lieu de pèlerinage pour les Marseillais, qui y affluent pour demander la protection de la Vierge en période de crise, d’épidémies ou de mauvaises récoltes. Durant la Révolution française, les symboles religieux sont mal vus, et la chapelle est transformée en dépôt d’artillerie. Malgré cette période sombre, elle reste profondément ancrée dans le cœur des habitants, qui rétabliront son rôle spirituel dès la fin de la Révolution.
Au XIXe siècle, la ville de Marseille connaît une croissance démographique et économique considérable. Avec l’essor du commerce maritime, l’idée de bâtir une basilique plus vaste, capable d’accueillir des milliers de fidèles, s’impose. En 1853, les autorités lancent le projet de construction d’une nouvelle église. Henri-Jacques Espérandieu, un jeune architecte d’origine protestante, est choisi pour diriger les travaux. Espérandieu, influencé par les styles romano-byzantin en vogue à l’époque, conçoit une basilique monumentale qui allie formes modernes et traditions architecturales anciennes.
La construction commence en 1853 et s’étend jusqu’en 1864. La basilique est érigée avec soin, utilisant des matériaux de qualité, notamment des pierres de Calissane, réputées pour leur solidité. Espérandieu crée un chef-d’œuvre qui devient rapidement un symbole pour les Marseillais : la statue de la Vierge à l’Enfant, recouverte de feuilles d’or, est placée au sommet de la basilique et visible de loin, même par les bateaux approchant du port.
Anecdotes et légendes de Notre-Dame de la Garde
Notre-Dame de la Garde n’est pas seulement un monument religieux ; elle est aussi le sujet de nombreuses anecdotes et légendes qui témoignent de l’attachement des Marseillais à leur “Bonne Mère”.
Protection de Marseille en temps de crise
Au fil des siècles, la basilique a souvent été perçue comme un rempart protecteur pour Marseille. Les Marseillais se sont tournés vers elle pour demander la protection de la Vierge en période d’épidémies, de famines ou de guerres. Par exemple, lors de la peste de 1720 qui ravagea la ville, de nombreux habitants vinrent prier sur la colline de la Garde, espérant ainsi détourner le malheur. À cette époque, des processions religieuses étaient organisées pour invoquer la “Bonne Mère” et obtenir son intervention.
Les ex-voto marins
Notre-Dame de la Garde est aussi connue pour sa collection d’ex-voto, ces objets offerts en remerciement de grâces reçues. Parmi eux, les ex-voto marins occupent une place spéciale. Ce sont des maquettes de bateaux, des plaques commémoratives ou encore des objets liés à la mer, offerts par des marins reconnaissants d’avoir échappé à des naufrages ou des tempêtes. Ces ex-voto sont suspendus au plafond ou accrochés aux murs de la basilique, constituant un témoignage poignant de la foi des marins marseillais.
La bombe de la seconde guerre mondiale
L’une des légendes les plus racontées au sujet de la basilique est celle de la bombe de la Seconde Guerre mondiale. En août 1944, une bombe est larguée sur Notre-Dame de la Garde, mais, contre toute attente, elle n’explose pas. Pour beaucoup de Marseillais, cet événement est perçu comme un miracle et une preuve de la protection divine qui entoure le site. La bombe désamorcée a même été exposée pendant plusieurs années dans la basilique, un symbole de la chance inouïe de ce lieu sacré.
Architecture de Notre-Dame de la Garde
La basilique Notre-Dame de la Garde, édifiée sous la direction de l’architecte Henri-Jacques Espérandieu, est un modèle de l’architecture romano-byzantine, un style qui connaît un regain de popularité en France au XIXe siècle. Ce choix audacieux mêle des éléments d’influence antique et orientale, que l’on retrouve notamment dans les dômes, les arcs en plein cintre et les motifs géométriques des mosaïques.
La basilique est divisée en deux espaces principaux : l’église supérieure, richement ornée, et la crypte, située en dessous, plus austère et sobre dans ses aménagements. L’extérieur du bâtiment est conçu avec un soin méticuleux, utilisant des pierres provenant de la carrière de Calissane, reconnues pour leur robustesse. La pierre blanche des murs est ornée de bandes de calcaire vert sombre, ce qui accentue les reliefs et donne une touche unique à l’ensemble.
Le clocher et la statue de la vierge à l’enfant
Le clocher, qui culmine à près de 60 mètres, est couronné par une statue monumentale de la Vierge à l’Enfant. Cette statue, haute de 11,2 mètres et recouverte de feuilles d’or, est l’œuvre du sculpteur Eugène-Louis Lequesne. Visible de tous les coins de Marseille, elle est rapidement devenue un repère pour les marins et une icône pour les habitants. La statue est fixée sur un socle en bronze, qui résiste aux conditions climatiques de cette altitude. Sa brillance au soleil en fait un véritable phare symbolique pour la ville.
L’Intérieur : mosaïques et ex-voto
À l’intérieur, l’architecture impressionne par ses arcs et coupoles richement décorés de mosaïques. Ces mosaïques, d’une grande finesse, représentent des scènes bibliques et des symboles religieux, dominés par des tons dorés, rouges et bleus. Les colonnes et les chapiteaux de marbre accentuent la solennité du lieu. Parmi les ornements, les ex-voto occupent une place particulière : maquettes de bateaux suspendues, plaques commémoratives, objets divers. Tous ces éléments témoignent de la reconnaissance des fidèles pour les prières exaucées, notamment des marins qui lui attribuent la protection de leurs navires.
La Crypte
En contraste avec l’église supérieure, la crypte présente un style plus sobre, presque rustique, avec des pierres brutes apparentes. Cet espace, semi-enterré, est un lieu de recueillement plus intime, qui attire ceux qui recherchent un moment de calme. Elle abrite également le reliquaire de Saint-Ferréol, rappelant les origines anciennes de la basilique.
Les détails architecturaux
Les arcs en plein cintre, caractéristiques de l’architecture romano-byzantine, sont omniprésents. La présence de mosaïques, typiques de ce style, orne également les murs intérieurs avec des motifs géométriques et floraux. Le style est accentué par des jeux de lumière qui traversent les vitraux colorés, illuminant l’intérieur d’une lueur chaleureuse.
Les matériaux
Les matériaux utilisés pour la construction sont sélectionnés avec une attention particulière : le marbre blanc, le calcaire vert, et l’or, conférant à la basilique une impression de solidité et de majesté. Les pierres de Calissane, notamment, contribuent à la résistance du bâtiment aux intempéries et au passage du temps.
Panorama et points de vue depuis Notre-Dame de la Garde
Depuis Notre-Dame de la Garde, la vue panoramique est impressionnante, offrant un aperçu unique de la ville de Marseille et de ses alentours. Située à 149 mètres au-dessus du niveau de la mer, l’esplanade de la basilique permet une observation à 360 degrés, une expérience incontournable pour tout visiteur.
Vue sur le Vieux-Port et le centre historique
Depuis l’esplanade, le Vieux-Port s’étend en contrebas, avec ses quais animés, ses bateaux de plaisance et ses marchés de poisson. Ce port historique, cœur de Marseille depuis l’Antiquité, offre un contraste saisissant avec les bâtiments modernes du centre-ville. À côté, on aperçoit le quartier du Panier, célèbre pour ses ruelles étroites, ses façades colorées et son ambiance de village.
Les Îles du Frioul et le Château d’If
En levant les yeux vers la Méditerranée, on distingue les îles du Frioul, dont l’archipel est formé de quatre îles : Pomègues, Ratonneau, If et Tiboulen. Ces îles abritent des plages isolées et des paysages sauvages, idéaux pour une excursion. Le célèbre Château d’If, construit sous François Ier et rendu célèbre par le roman Le Comte de Monte-Cristo d’Alexandre Dumas, se trouve également dans ce groupe d’îles. Ce fort, autrefois prison, attire aujourd’hui les passionnés d’histoire et de littérature.
La Corniche et les Plages du Prado
En longeant la côte, la Corniche Kennedy apparaît, serpente le long du littoral avec ses balustrades et ses points de vue impressionnants sur la mer. Plus loin, on aperçoit les plages du Prado, particulièrement populaires auprès des Marseillais et des visiteurs. Ce vaste espace de détente propose une succession de plages, des espaces verts et des installations sportives.
Le Stade Vélodrome
Vers l’est, le Stade Vélodrome se dresse fièrement avec son toit incurvé. Ce stade emblématique est le temple de l’Olympique de Marseille et attire des milliers de supporters. Même si vous n’assistez pas à un match, une visite guidée du stade permet de découvrir l’envers du décor de ce monument sportif.
Les massifs de Marseille et les Calanques
À l’horizon, les massifs de Marseilleveyre et du Garlaban entourent la ville et offrent un arrière-plan montagneux. Ces montagnes, avec leurs sentiers de randonnée et leurs falaises calcaires, constituent les premières étapes du Parc national des Calanques. Depuis Notre-Dame de la Garde, les amateurs de nature peuvent repérer ces reliefs, donnant un avant-goût de ce qui les attend à quelques kilomètres seulement.
À visiter à proximité
Pour ceux qui souhaitent visiter marseille en 1 jour après avoir vu Notre Dame de la garde, plusieurs sites se trouvent à proximité de la basilique :
- Le Fort Saint-Nicolas : Situé à l’entrée du Vieux-Port, ce fort militaire construit par Louis XIV servait à surveiller Marseille. Son architecture et ses remparts sont un complément parfait pour comprendre le système défensif de la ville.
- L’Abbaye Saint-Victor : Cet édifice religieux, fondé au Ve siècle, est l’une des plus anciennes églises de Marseille. Elle abrite des cryptes mystérieuses et des reliques vénérées, et elle offre aussi un panorama intéressant depuis son emplacement.
- Le Palais du Pharo : Offrant une vue sur le Vieux-Port sous un autre angle, ce palais construit pour Napoléon III est entouré d’un parc accessible au public. C’est un excellent point de départ pour une balade le long de la Corniche.
Ainsi, en plus d’une vue spectaculaire, Notre-Dame de la Garde est le point de départ idéal pour explorer les nombreux sites historiques et naturels de Marseille.
Conseils pratiques pour visiter Notre-Dame de la Garde
Pour profiter au mieux de votre visite à Notre-Dame de la Garde, quelques informations pratiques et conseils peuvent s’avérer utiles.
Accès et transport
- En voiture : Des parkings gratuits sont disponibles à proximité de la basilique, mais ils peuvent être rapidement occupés, surtout en haute saison. Il est donc conseillé d’arriver tôt dans la journée pour être sûr de trouver une place.
- En bus : Le bus n°60 depuis le Vieux-Port est une option pratique pour accéder à la basilique sans avoir à marcher. Le trajet offre également de jolis points de vue en montant vers la colline.
- À pied : Pour les amateurs de randonnée urbaine, un sentier pédestre part du centre-ville et monte jusqu’à Notre-Dame de la Garde. Cette marche, bien que sportive, est une excellente façon de découvrir le quartier et d’apprécier progressivement la vue sur Marseille.
Horaires et tarifs
- Basilique : Ouverte tous les jours de 7h00 à 18h15, permettant aux visiteurs de profiter de la lumière matinale comme des couleurs du coucher du soleil.
- Crypte : Accessible tous les jours également, mais avec des horaires légèrement restreints jusqu’à 18h00.
- L’accès à la basilique et à la crypte est gratuit, mais des dons sont possibles pour contribuer à l’entretien du site.
Services sur place
- Boutique de souvenirs : La boutique propose divers objets religieux, des cartes postales et des articles locaux en souvenir de votre visite.
- Cafétéria : Une petite cafétéria est située sur le site pour une pause rapide, idéale après une ascension par les escaliers ou le sentier.
- Sanitaires : Des toilettes sont disponibles, y compris pour les personnes à mobilité réduite, ce qui facilite la visite pour tous.
Conseils de comportement et tenue vestimentaire
La basilique étant un lieu de culte, il est recommandé de porter une tenue décente, surtout pour ceux qui souhaitent visiter l’intérieur ou assister à une cérémonie religieuse. Un comportement respectueux est attendu, et bien que la photographie soit autorisée, il est conseillé de ne pas utiliser de flash pour préserver l’atmosphère de recueillement du lieu.
En respectant ces conseils pratiques, vous pourrez profiter pleinement de votre visite à Notre-Dame de la Garde, un lieu incontournable à Marseille qui allie spiritualité, histoire et vues exceptionnelles sur la ville.